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Comité de rédaction : Guillaume Klossa, Isabelle Négrier, Claire Boussagol et Laura De Almeida
Bonne lecture européenne !

Démocratie et État de droit
GÉORGIE : DES MANIFESTATIONS QUI SE MULTIPLIENT CONTRE LE GOUVERNEMENT PRO-RUSSE
Ce dimanche 9 avril, les citoyens de Géorgie se sont donnés rendez-vous dans la capitale, à Tbilissi, pour manifester contre leur gouvernement qu’ils accusent d’être « contrôlé » par Moscou. Ce rassemblement a été lancé par le groupe d’opposition Mouvement national uni, fondé par l’ancien président Mikheïl Saakachvili, aujourd’hui emprisonné pour abus de pouvoir.
Les manifestants réclament deux choses : d’une part, la libération des prisonniers politiques ; et d’autre part la mise en œuvre des réformes que la Géorgie doit mener afin d’obtenir le statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne. C’est une tâche d’autant plus difficile car, comme l’affirment plusieurs anciens présidents, le parti au pouvoir (Rêve géorgien) « est contrôlé depuis Moscou et notre obligation est de sauver notre patrie des larbins russes », expression de Guiorgui Margvelachvili. De nombreux drapeaux européens ont été brandis à côté du drapeau géorgien, ainsi qu’une banderole où il était inscrit : « Pour un avenir européen ».
Toutefois, ces manifestations, qui se multiplient ces dernières semaines en Géorgie, ne sont pas sans conséquences bénéfiques. En effet, le mois dernier, le gouvernement géorgien n’a pas mis en place un projet de loi similaire à celui de Moscou. Il consistait à classer les ONG et médias, qui reçoivent plus de 20% de leur financement de l’étranger, en « agents étrangers ».
ZELENSKY EN POLOGNE : RENFORCEMENT DE « L’AMITIÉ ÉTERNELLE »
Pour la première fois à l’occasion d’une visite d’État, le président ukrainien avait annoncé en amont sa venue à Varsovie, contrairement à ses précédentes visites tenues secrètes jusqu’au jour-j ; un moyen de montrer que désormais Volodymyr Zelensky n’a plus peur de représailles russes en dehors de son territoire. Il a souhaité d’emblée évoquer l’aide des citoyens polonais pour l’accueil des ukrainiens dès les premières heures du conflit. Aujourd’hui, la Pologne compte plus de 2,5 millions de réfugiés ukrainiens.
Toutefois, l’aide la plus grande que la Pologne apporte à son voisin reste de l’ordre militaire. En effet, comme l’indique le président Zelensky : « La Pologne a fait tout ce qu’elle avait promis en ce qui concerne les chars : ils sont déjà en Ukraine, en particulier les chars Leopard. De nouveaux accords ont été conclus sur les véhicules de combat d’infanterie – plus de 100 véhicules. En ce qui concerne les véhicules blindés de transport de troupes – Rosomak – 200 véhicules, 100 maintenant et 100 plus tard ». Au début du mois, Morawiecki, premier ministre polonais avait annoncé l’achat des véhicules blindés, qui ont été « payés par l’argent européen » et « par l’argent américain qui a été donné à l’Ukraine« .
Ce 6 avril, lors de sa rencontre avec le président Polonais, Volodymyr Zelensky a par ailleurs passé une nouvelle commande de véhicules blindés. Ce renforcement du matériel côté ukrainien arrive alors que des révélations sur le cimetière Wagner se propagent, cumulant aujourd’hui des milliers de morts.

Europe Géopolitique et Économique
CHINE, ÉTATS-UNIS ET L’AMBITION D’UNE AUTONOMIE STRATÉGIQUE EUROPÉENNE
La semaine dernière, le président Emmanuel Macron s’est rendu à Pékin à la rencontre du Président Xi Jinping, accompagné de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, exprimant ainsi sa volonté de lier sa visite à l’Union européenne. Toutefois, le responsable chinois s’est employé à diviser le duo, réservant à Emmanuel Macron tous les aspects d’une visite d’État bilatérale. La présidente de la Commission est restée la plupart du temps en marge, le gouvernement chinois n’ayant pas oublié l’hostilité présumée de son discours du 30 mars. Des discussions tripartites ont tout de même eu lieu pour relancer le lien avec Pékin, qui avait réaffirmé son lien avec Moscou un mois plus tôt.
Depuis la Chine, le président français a accordé un entretien aux journalistes, évoquant la position que l’Union européenne doit tenir face à la « logique des deux blocs ». Cet entretien a été largement commenté, dans le monde entier, dans un contexte de montée des tensions autour de Taïwan, après la simulation d’une invasion de l’île par les militaires chinois, ainsi que la guerre en Ukraine. Emmanuel Macron avait notamment évoqué l’autonomie stratégique européenne qui est nécessaire afin de se détacher de la politique des États-Unis : « S’il y a une accélération de l’embrasement du duopole, nous n’aurons pas le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et deviendrons des vassaux alors que nous pouvons être le troisième pôle si nous avons quelques années pour le bâtir ».
Plus que jamais, l’Union européenne a l’occasion de prendre sa place sur la scène internationale, pour le président français : « La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise ».
MER MEDITERRANÉE : UNE IMMIGRATION EN RECRUDESCENCE
Ce dimanche 9 avril, une embarcation partie de Tunisie a fait naufrage à mi-chemin des côtes italiennes. Dans l’embarcation se trouvait une quarantaine de personnes, dont des enfants : deux migrants sont morts et plus d’une vingtaine toujours disparue. L’un des responsables de l’ONG allemande qui est venue les secourir, Stefen Seyfert, a indiqué : « Nous avons fait tout notre possible pour sauver plus de gens mais nous n’avons pas réussi ». Vis-à-vis de l’Italie, dont les réactions ont été critiquées ces dernières semaines, il salue une « bonne coopération » avec les garde-côtes italiens.
Sur les trois jours du week-end Pascal, les garde-côtes italiens n’ont pas eu de répit : en effet, deux autres bateaux étaient à la dérive, représentant plus de 1 200 migrants. Le premier bateau se trouvait en eaux italiennes au large de la Sicile avec 800 migrants. L’embarcation était surchargée, ce qui a rendu le sauvetage complexe et a nécessité trois bateaux de patrouille et un navire marchand. Le second bateau secouru transportait 400 personnes à son bord. Au total sur le week-end, les garde-côtes italiens ont secouru plus de 2 000 personnes.
Depuis le début de l’année, les naufrages en mer se sont multipliés. L’Italie est un pays d’accueil de première ligne, puisque l’île de Lampedusa est la mieux située pour les migrants provenant d’Afrique du Nord. En l’espace de quatre mois, plus de 14 000 migrants sont arrivés en Italie, contre 5 300 sur la même période en 2022. Un chiffre qui a triplé, remettant sur le devant de la scène européenne cette crise migratoire que la pandémie de COVID 19 avait ralentie.

Green Deal
BREXIT : QUELS RISQUES POUR LE PACTE VERT ?
Le Pacte vert pour l’Europe, le fameux Green Deal, est potentiellement en danger. En effet, Bruxelles et Londres n’ont toujours pas trouvé de solution sur le financement du programme spatial européen. Or, c’est son programme Copernicus, sur la base d’observation satellitaire, qui surveille les changements environnementaux de la Terre. Pour la période de 2021 à 2027, le Royaume-Uni devait contribuer à hauteur de 721 millions d’euros pour le programme spatial.
Cependant, des désaccords plus urgents ont repoussé indéfiniment les négociations, comme l’accord de Windsor sur le statut de l’Irlande, à la suite de laquelle un porte-parole du gouvernement britannique a indiqué : « le Royaume-Uni et l’UE ont clairement indiqué qu’ils étaient ouverts à la poursuite des discussions sur l’association du Royaume-Uni aux programmes de l’UE. Toutefois, les discussions sur la marche à suivre devront refléter [notre absence pendant] plus de deux ans à la participation aux programmes ». Pendant ce temps, le bon développement du programme est en danger face à ce manque colossal d’investissement.
L’Agence Spatiale Européenne s’inquiète des impacts sur les missions futures, mais également sur celles déjà en cours, ce retard financier réduit : « considérablement la capacité, en particulier, de répondre aux besoins d’urgence liés à la gestion des catastrophe », ainsi que de mettre en place des satellites capables de mesurer les émissions de CO2. Tout cela : « compromet considérablement la continuité renforcée du programme [Copernicus] et sa capacité à soutenir pleinement et en temps opportun le Pacte vert pour l’Europe ».
PÊCHE DE FOND : PAS D’INTERDICTION MAIS DES ORIENTATIONS
Fin février, la Commission européenne avait annoncé qu’elle voulait interdire la pêche de fond dans les zones protégées. La mesure faisait partie d’un plan d’action environnemental afin de protéger différentes espèces de poissons et crustacés mais surtout les tortues et oiseaux marins qui étaient en danger. En effet, les aires protégées, qui vont représenter jusqu’à 30% des eaux européennes en 2030, sont menacées par les différents engins de pêche : chaluts, dragues…
Des oppositions se sont rapidement manifestées dans de nombreux États membres, notamment en France, en Espagne et en Irlande. Pour l’Alliance européenne pour la pêche de fonds, cette interdiction aurait touché « 7 000 navires, 25% des volumes de pêche débarqués et 38% des revenus totaux de la flotte européenne ». En France, c’est un tiers de la flotte qui était en danger, de nombreuses manifestations se sont mises en place avec des missions « filière morte », laissant les bateaux à quai.
Finalement, le plan d’action pour une pêche durable présente désormais : « seulement des orientations aux États membres, la France ne sera donc pas contrainte de prendre des mesures d’interdiction ». Les efforts français ont été soulignés, les stocks de poissons exploités durablement sont passés de 11% il y a 20 ans, contre plus de la moitié aujourd’hui. Toutefois, pour les ONG écologistes ce n’est pas suffisant, pendant les sept prochaines années les États membres pourront encore bénéficier du chalutage de fond dans un contexte d’urgence pour la protection des écosystèmes.

Numérique
CYBERSÉCURITÉ : MOT D’ORDRE POUR LE FUTUR DE L’EUROPE NUMÉRIQUE
Dernière initiative de la Commission européenne, le programme de travail pour 2023-2024 décrit les domaines-clés à améliorer pour l’Europe numérique. Ce programme a un double défi : la transition verte et numérique. À cela s’ajoute le besoin de pouvoir identifier les cybermenaces et d’y réagir. Une loi vient compléter ce programme et sera présentée le mois prochain : la loi sur la cybersolidarité. Ce mécanisme d’urgence de cybersécurité disposera d’un fond de 35 millions d’euros.
En plus de ce budget, un second vient compléter ce programme, d’une hauteur de 84 millions d’euros, afin de renforcer les centres opérationnels de sécurité. La Commission souhaite développer de nouveaux centres dans des régions stratégiques comme la Méditerranée orientale ou la Baltique. Cela permettrait à l’Union d’échanger ses renseignements avec ses voisins sur les cybermenaces. L’organisation de ces centres de sécurité, symbolisés comme un « bouclier cybernétique », sera accouplée à une seconde infrastructure à la détection des menaces au niveau européen.
Le programme pour une Europe numérique prévoit de nombreux autres objectifs, comme l’indique Euractiv : « le développement des capacités de détection et d’analyse des cybermenaces, le renforcement de la coordination entre les cybercommunautés afin d’améliorer les réponses et le soutien aux PME et aux startups en matière de conformité réglementaire ».
CHATGPT ET PROTECTION DES DONNÉES : QUE DIT L’UNION ?
Depuis plusieurs semaines, l’intelligence artificielle est au cœur de nombreux débats. En Europe, le sujet entraîne une division entre les amateurs et les méfiants, notamment après l’interdiction de ChatGPT en Italie. En effet, celle-ci a ouvert une enquête sur le logiciel et les possibles violations du règlement général sur la protection des données. À cela s’ajoute l’avis d’Europol, police européenne, pour qui cette intelligence artificielle peut être utilisée par des criminels pour des fraudes et cybercrimes.
En Allemagne, une enquête similaire est déjà en cours. Du côté français, ce mercredi 12 avril une plainte a été déposée auprès de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés). Toutefois, ces enquêtes n’imposeraient pas, pour l’instant, une interdiction totale de ChatGPT mais plutôt une réglementation. La Commission travaille d’ores et déjà sur une législation pour l’intelligence artificielle, un vote doit avoir lieu fin avril au Parlement européen.
Pour Frederico Oliveira, juriste au Bureau européen des unions de consommateurs : « Nous sommes à des années de l’application de la loi sur l’IA, et il est crucial que les consommateurs soient protégés entre temps ». De plus, les logiciels comme ChatGPT auraient un impact non négligeable dans le secteur du travail administratif et juridique, menaçant près de 300 millions d’emplois dans le monde. Toutefois, dans un autre domaine tel que l’éducation et la recherche, ChatGPT représente une grande avancée, des arguments comme une augmentation de la productivité et la facilitation du travail sont avancés, si l’utilisation est surveillée par les enseignants afin d’éviter toute triche.