Directrice en conseil/communication/influence chez Agence Solicom, pensez-vous que la communication est un outil assez puissant pour faire avancer les droits des femmes ?
La communication est un outil formidable pour sensibiliser, donner davantage de résonnance à un message, une cause ou un plaidoyer. Elle me permet en tant que militante en faveur des droits des femmes et de l’empowrement féminin de partager ma vision, mes combats et mes coups de gueule. Mais surtout la communication à travers l’usage des réseaux sociaux me permet de créer des connexions avec des femmes et des hommes engagés pour la cause, de mutualiser nos voix et forces pour avoir beaucoup plus d’impact.
Classée 20e parmi le top 50 des influenceurs de la communication publique, (félicitations d’ailleurs 😉 ) pensez-vous que les chargés de communications, de conseil, et d’influence ainsi que les influenceurs jouent un rôle, et donc in fine, une responsabilité sur l’impact que leurs posts pourraient faire pour faire avancer les droits des femmes ?
Merci beaucoup ! C ‘est d’ailleurs une agréable surprise pour moi de me voir figurer dans le classement des 50 influenceurs de la communication publique. Les acteurs de la communication de manière générale et les influenceurs en particulier peuvent avoir à mon sens un rôle puissant en termes de valorisation d’un message ou de mise en lumière d’une cause. Nous avons la capacité de prendre la parole sur un sujet, pour ma part les droits des femmes mais pas que, le valoriser, mettre en exergue ses enjeux et interpeller l’opinion publique dans le but d’inciter le plus grand nombre à agir à nos côtés. Je sais pouvoir compter sur les différentes communautés associatives ou social media auxquelles j’appartiens pour m’aider à pousser mes messages, les partager, leur donner de la visibilité et la force nécessaire pour avoir un impact effectif. Donc effectivement, je pense que les communicants, les influenceurs ont une responsabilité quant à la nature des contenus partagés mais aussi sur l’impact qu’ils sont susceptibles d’avoir aussi bien sur ceux qui les reçoivent que globalement dans la société. La communication permet de donner du sens et plus d’impact pour faire avancer la cause et les droits des femmes.
D’ailleurs, ne serait-il pas pertinent d’inclure dans chaque structure que ce soient les associations, les groupes politiques, les administrations ou encore les entreprises sans oublier les institutions scolaires et universitaires, une personne employée afin de travailler sur l’intégration du concept de genre dans chaque action et programme ?
La question du genre est primordiale en ce qu’elle est omniprésente dans notre société. Qu’importe le type d’organisation à un moment donné de son l’évolution, les personnes qui la composent se retrouveront confrontés à une problématique en lien avec le genre. Je suis de ceux qui pensent que plus on agit en amont et plus notre action est efficace, c’est pourquoi je reste convaincue qu’il ne faut pas attendre que la question se pose pour se doter d’une personne en charge des questions de genre. Il faut penser ce poste dès la création de la structure et en faire une marque de fabrique. Les sujets des droits des femmes comme celui de l’égalité relèvent du bon sens et doivent être au cœur des organisations de la même manière que toutes ces structures, programmes et organisations sont conçus pour recevoir des femmes ET des hommes. On devrait presque « banaliser » ce sujet qui devrait faire partie intégrante des organisations et de fait ne plus en être un.
Avez-vous un exemple d’événement tellement médiatisé qu’il a fait avancer les droits des femmes ? Peut-on observer un schéma récurrent, comme une médiatisation accrue des réseaux sociaux dans ces cas par exemple ?
Le premier qui me vient à l’esprit de manière spontanée c’est #MeToo. Voilà un événement de libération de la parole des femmes victimes de violence sexuelles, née outre-Atlantique et qui eu une ampleur internationale. Tout a commencé en 2007 par une première campagne lancée par Tarana Burke activiste américaine qui dénonçait les violences sexuelles dont étaient victimes les minorités. Puis ont suivi d’autres campagnes de témoignage d’agressions sexuelles sur les réseaux jusqu’en 2017 avec un engagement fort de la part d’actrices américaines.
Depuis le mouvement a fait le tour du monde avec un prise de conscience réelle de la gravité de la situation des femmes dans le monde. En France, le mouvement a fait son étendard de l’hashtag #BalanceTonPorc, au Sénégal de l’hashtag #TouchePasÀmonCorps, plus tard d’autres hashtags comme #MêmePasPeuront été lancés en Afrique. La puissance médiatique de ce mouvement est loin d’être isolée, d’autres ont eu des effets similaires et le mérite de mettre en lumière la violence ou les discriminations mais surtout de faire avancer le droit sur le sujet. C’est le cas de la campagne #BlackLivesMatters entérinant le début d’une « nouvelle la lutte » pour les droits des afro-américains et contre les violences policières.
Dans ce cadre, en quoi la clause de l’Européenne la plus favorisée constitue une arme supplémentaire ?
La clause de l’Européenne la plus favorisée est un outil d’une grande utilité en ce qu’elle permet une forte mobilisation : l’idée étant de tous nous mobiliser autour des meilleures issues qu’offre le droit en Europe et par conséquent d’harmoniser notre droit à celui qui est le plus favorable, le plus fort, le plus puissant en termes de protection et des droits des femmes. Elle est une réelle opportunité pour agir de manière efficace. Car si globalement en Europe, nous sommes tous d’accord sur les grands principes qui gouvernent nos sociétés respectives, de réels écarts peuvent exister en matière de droits des femmes alors soyons audacieuses, faisons de la clause de l’Européenne la plus favorisée une arme du quotidien pour faire avancer les droits des femmes. Portons une parole forte, soyons aux rendez-vous de nos pairs et parlons d’une même voix comme nous avons su le faire chaque fois notre maison commune était en péril. La défense et la protection effective des femmes devraient selon moi faire parties des conditions d’adhésion.